Voilà, je viens vous raconter mon histoire, qui pourrait être celle de bien d'autres semblables. Je suis né en Espagne du Sud, et je suis un chien podenco ; dans mon pays de naissance, notre race est méprisée, exploitée, maltraitée, c'est ainsi depuis très longtemps, je ne sais pas pourquoi. On m'a trouvé tout petit, abandonné avec mes frères, promis à une mort certaine, notre mère avait disparu, morte ou emportée par des chasseurs ; nous avions peur, faim et soif, lorsqu'un ange est apparu dans notre vie, Fina ; elle s'est occupée de nous, son mari m'a élevé au biberon, je les aimais et ils m'aimaient, mais je ne pouvais pas rester avec eux car ils avaient déjà beaucoup d' animaux . Mes frères ont été adoptés, et moi je suis parti loin, dans un pays appelé France, pour y trouver une famille. Fina m'a dit en pleurant et en me serrant contre elle que c'était mon seul espoir d'avenir et de vie décente.
Je suis allé en famille d'accueil, ça ne se passait pas mal, j'avais des copains on était gentil avec moi ; je n'y suis pas resté parce que je suis un grand et beau jeune chien, j'ai besoin d'exercice ; je suis donc parti dans une autre famille d'accueil qui avait un grand jardin, mais je me suis amusé à y faire des trous (il fallait bien que je m'occupe, j'étais souvent seul car ils travaillaient), et ils ont dit que je faisais aussi d'autres bêtises ; je ne savais pas que c'était si grave, je suis encore jeune (16 mois à peine) ; finalement un autre bébé s'est annoncé, et ils ont dit ne plus vouloir me garder. Personne ne m'aime, donc, à part Fina ?
Je suis retourné dans ma première famille d'accueil, et là , tout a dérapé ; on a dit que j'étais agressif, que j'attaquais les autres chiens, et, très vite, en 48 heures à peine , on m'a rejeté; je ne savais plus ce qui allait m'arriver encore, mais, dans l'ombre, le Sauveur veillait ; il est venu me chercher et m'a offert l'asile dans sa famille, même s'il a beaucoup de chiens, à qui je fais des léchouilles pour montrer que je ne suis pas ce qu'on a dit. Il m'a promis de m'aider à trouver une famille à moi, disponible et présente, avec un jardin, et il m'a dit qu'il ne m'abandonnerait pas ; je pense que lui aussi m’aime, comme Fina, qui demande toujours de mes nouvelles et s'inquiète pour moi. Il m'a fait comprendre que je ne retrouverais pas mon paradis perdu, avec Fina et son mari, mais il est sûr qu'il y a quelque part des personnes au grand cœur, avec une maison et un jardin, aimant les chiens, qui seront prêts à m'ouvrir la porte de leur foyer et à me garder pour toujours, enfin ; je l'aime bien lui aussi, mon Sauveur, alors je veux le croire, de toutes mes forces de jeune podenco qui n'aspire qu'à être compris et aimé. Lui et Fina y parviennent, pourquoi pas vous ?
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